Saint Jean le
Bon de
Mantoue
23 octobre
Son père s’appelait
Jean et sa mère Bonne. Avec ça, on ne peut qu’aller bien.
Ils ont eu un fils et l’ont appelé Jean le Bon. Logique ! Il
naquit vers 1168.
Quand son père mourut,
à Mantoue, il devint un peu moins bon et parcouru l’Italie en
fréquentant des débauchés. Sa mère, en apprenant
ça, se sentit bien mal. Pensant à Sainte Monique qui avait tant
pleuré, elle utilisa le même moyen en espérant que son fils
revienne vers le bon.
Comme il n’arrivait pas
à se guérir, il fit le voeu qu’il se ferait religieux.
Il guérit sur le champ.
Est-ce à cause des pleurs de sa mère ? Personne n’en sait
rien.
Puis il se retira dans la Romagne,
dans un ermitage, près de la ville de Cérène. Il passa son
temps, dans une grotte, à expier ses fautes passées.
Mais le démon fut
effrayé par tant de vertus. Alors, il l’attaqua de deux
façons :
D’abord par la gourmandise. Il
lui présentait des bons gâteaux à la crème mais
aussi toutes sortes de mets délicats qu’il avait aimés autrefois.
Pour résister à la tentation, Jean le bon ramassa plein de
feuilles de ronces bien amères et même épineuses et les
mangea toutes crues sans huile ni vinaigre.
Puis, le démon lui fit
apparaître une créature qu’il avait aimée autrefois.
Malgré le cilice qu'il portait, ça lui faisait des choses. Pour
parer à cette attaque, il s’enfonça des pointes de roseaux
aiguës entre la chair et les ongles des doigts de la main. Ca lui fit
tellement mal qu’il en tomba évanouit et resta ainsi pendant trois
jours. Dieu lui fit savoir qu’il avait exagéré mais,
qu’enfin, il l’approuvait, et que, de plus, il lui éviterait
définitivement ce genre de tentation. Puis il le guérit de ses
blessures.
Il se creusa aussi un trou dans le
sol. Il y mettait des piquants puis s’y fourrait la tête et
n’en sortait pas sans avoir récité 200 Pater.
Petit à petit, il se fit des
disciples. Alors on construisit d’abord des cellules, puis une
église, puis finalement, des monastères.
Au bout de quelques temps ils
prirent la règle des ermites de Saint Augustin et reçurent les
bénédictions de Rome.
Il arriva aussi à
démissionner de son poste de prieur. Cela lui permit d’avoir une
vie plus cachée.
Il se promit alors de faire trois
carêmes dans l’année : celui d’avant Pâques,
celui d’avant la Pentecôte et celui d’avant Noël.
Le mercredi des cendres, il prenait
trois onces de pain (environ 100 grammes) qu’il coupait en trois et
ça lui faisait trois repas.
Son régime de carême : le premier jour, 100
grammes de pain; le deuxième jour, quatre tiges de persil frites dans
l’huile; le troisième jour, sept fèves cuites; puis
ça recommençait. A la fin de sa vie, il se contentait d’un
seul pain pour tout le carême.
Quand il tombait malade, il
acceptait de manger un oeuf.
Avec les restes qu’il
laissait, il parvenait quand même à payer un bon repas de
Pâques à ses frères ermites.
Il était vêtu
d’une tunique en paille, juste de quoi ne pas être tout nu.
Après sa mort, la tunique guérissait des malades par application.
On dit qu’il avait trois lits
: l’un de troncs d’arbres mal ajustés; le deuxième
était une fosse qui était plus profonde d’un
côté que de l’autre; le troisième une simple planche.
Jugeant que la planche sur laquelle il dormait était trop confortable,
il se fit un lit de feuilles de houx.
Il était illettré et
connaissait par coeur quelques psaumes, le Pater et l’Ave Maria. Ca ne
l’empêchait pas de résoudre souvent des problèmes
épineux de droit canon.
Mais le démon n’en
démordait pas. Il lui apparaissait sous des formes de monstres horrible,
ou encore, il le battait. Il ne supportait pas que Jean le Bon souffre sur sa
planche de lit. Un jour, il le poussa par terre à tel point que Jean en
fut grièvement blessé.
Il était souvent en extase et
en recevait de douces consolations intérieures.
Un jour, un jeune frère
résolut de retourner dans le monde. Jean se mit sur son chemin, le prit
par la main et le conduisit près d’un grand feu. Il sauta dans le
feu devant le jeune frère, puis s’étant promené
longtemps pieds nus sur les charbons ardents, il lui rappela les grâces
que Dieu faisait à ceux qui s’étaient consacrés
à lui. Puis, pour parfaire sa démonstration, il prit une branche
qui brûlait et la planta dans le sol. Aussitôt, elle se mit
à reverdir, ses feuilles grandirent, et des fruits apparurent.
Comme sa réputation
grandissait, il recevait de plus en plus de visites. Il décida donc, une
nuit, de se sauver. Après qu’il eut bien marché et
qu’il soit hors de portée de ceux qui auraient pu le poursuivre,
il se retrouva, le matin, devant la porte de la cellule, d’où il
venait.
Il en conclut que Dieu ne voulait
pas qu’il s’en aille.
Le lendemain, on voulait lui
apporter un jeune démoniaque. Mais le démon avait si peur de Jean
qu’il sortit du corps du jeune homme avant même que celui-ci ne
soit arrivé chez Jean le Bon.
Puis un ange lui ordonna de
retourner à Mantoue pour y mourir. En route, il rencontra une femme dont
le fils venait de mourir. Il passa trois jours et trois nuits avec le corps de
l’enfant, dans une cellule et le ressuscita.
On lui demanda ce que son corps
deviendrait après sa mort. Il répondit que les gens le
traiteraient avec beaucoup de respect.
Il mourut le 23 octobre à
l’âge de 98 ans. 18 mois après qu’il eut
été enterré, on retrouva son corps tout entier et bien
conservé. On lui fit alors une sépulture plus honorable.